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J'ai finalement dit oui


Indonésie/ Lombok/ Rinjiani/ juin 2017

Suite à peut-être quatre changements d'avis, je me décide enfin, : "Ok, c'est bon, on y va, faisons le Rinjani." Après m'être blessée au genou, avoir craqué, exténuée, au sommet d'Hallasan en Corée, et mon incroyable lenteur à grimper le mont Batur à Bali, j'avais tendance à faire ma peureuse : "T'es sûr, tu veux pas le faire tout seul?". Surtout que l'on m'avait prévenu : "Le Rinjani c'est dur, pas mal de personnes abandonnent en cours." Nous voilà donc décidés. Nous bookons nos billets et quitterons donc la Sulawesi , ainsi que papa maman, un peu plus tôt que prévu. Armée de mon âme de warrior (nan, je mens, en fait je ne suis pas tranquille du tout !!) nous atterrissons à Lombok et 3h30 de voiture plus tard, nous arrivons à Sembalun, aux pieds de la bête.

Plus lucide que guerrière, nous négocions notre programme: nous ferons le treck complet jusqu'à Senaru en 4 jours et 3 nuits (et non 3 jours/2 nuits comme beaucoup de touristes). Il faut casser la tire-lire pour ce séjour sur-mesure, mais nous préférons prendre cette précaution. Nous décollons à 7h30 de notre homestay et, après nous être enregistrés auprès des autorités situées à l'entrée du parc, nous commençons la ballade à 8h. Les 2 premières heures sont faciles, beaucoup de plat à travers les champs et un paysage varié.

Nous profitons de cette première journée pour faire connaissance avec notre gentil guide, bien attentionné avec nous. Bidin fait ce métier depuis plus d'un an. Après un évènement familial, il a dû arrêter ses études d'ingénieur en chimie à Java. Avant d'être guide il a également été porteur sur le Rinjani mais a très vite décidé d'améliorer son anglais afin d'accéder à cette promotion sociale. Il continue d'économiser afin de terminer ses études, mais doit également travailler dans la ferme dont il a hérité, où vivent sa mère, son épouse et leur jeune fils. Nous profitons surtout des pauses pour raconter nos vies, car plus nous avançons, plus la pente se raidit et les 2 dernières heures de marche de la journée testent les capacités de notre souffle et de nos jambes. Vers 15h nous arrivons enfin au 1er campement, après une belle dernière grimpette, les cuisses et mollets tendus, mais encore en forme.

Nous assistons à un coucher de soleil mémorable sur les montagnes et le lac, en dégustant notre soupe. Mais notre guide ne tarde pas à nous exhorter gentiment mais sûrement à aller nous coucher dans notre tente. Ok, il n'est que 19h, mais avec un réveil prévu à 1h30, on obtempère sans difficulté.

Après ces quelques heures de repos sans sommeil (va t'endormir à 19h!), nous nous préparons. Bidin nous explique : 3h30 de marche jusqu'au sommet; une heure de montée difficile jusqu'à la crête; une grosse heure sur un chemin plus facile (ndlr : j'insiste sur les​ mots, "plus facile", mais pas "facile" !). Le meilleur est pour la fin : beaucoup de sable et de roches volcaniques sur une pente ardue pendant 1h30 mais il faut en passer par là pour atteindre le sommet et pouvoir admirer ce si fameux lever de soleil. Allez, c'est parti! On parle peu, on reste concentré, on adopte une allure lente mais régulière. Bidin n'a pas menti, on dérape souvent sur ces pentes sableuses, qui ont tendance à faire reculer d'un pas quand on en a fait deux. Néanmoins la nuit est magique, la pleine lune éclaire tant que nous pourrions (presque) avancer sans frontales.

Nous avons commencé un quart d'heure avant la masse et profitons de nous sentir seuls au monde dans ce paysage aride. Nous sommes finalement rattrapés par plus rapides et finissons par marcher à la queue leu-leu sur ce sentier où chaque front éclaire ses pieds (ah oui, non, ça, tu n'es pas seul du tout, du tout. A toi l'aventurier en quête de territoires inexplorés, passe ton chemin, car tu devras partager ces moments avec des centaines d'autres explorateurs en herbe). Nous trouvons notre rythme, sans nous arrêter, nous dépassons des lièvres, nous qui sommes tortues. En pleine nuit, la montée est si raide et, à certains moments, la crête où nous marchons si fine, que nous ne pensons à rien si ce n'est le prochain endroit où nous poserons notre pied.

Ainsi, tant absorbés par notre ascension, c'est tout étonnés​ que nous entendons notre guide nous dire : "Congratulations, this is the top, you are at 3726 meters". Ho! En effet le rocher que nous dépassons semble bien être la dernière ombre que nous distinguons! Nan !! Sérieux ? Sans mentir? On y est??! Tellement contente d'y être après en avoir tant parlé depuis des mois que je pourrais lâcher des larmes de joie! Mais en fait non, je vais m'abstenir car il faut encore attendre trois quarts d'heure avant le lever de soleil et on se caille sévère ! J'ai peur que mes pleurs gèlent instantanément sur mon visage.

A noter : gants, bonnet, pantalon chaud et x épaisseurs sous l'anorak ne sont pas de trop au sommet! Mais revenons-en au plus important: le sommet! C'est une sacrée claque, et tu as la sensation de l'avoir sacrément mérité. Tu en prends plein les mirettes depuis tes 3700 mètres et des brouettes de hauteur. A ta droite, le soleil éclaire progressivement ton monde et, depuis ton perchoir dans le ciel, te fait découvrir les îles Gili; derrière toi, les lignes de crêtes du volcan se dessinent au-dessus des nuages et à ta gauche tu plonges au fond d'un lac aux reflets verts qui abrite Barujari ("Nouveau volcan"). Un bébé volcan tout fumant qui entre en éruption 2 fois par an.

On est bien, là au-dessus des nuages, à admirer ce paysage magnifique, on s'émerveille, on se sent tous petit, mais quand même on se les gèle. Alors on prend quelques clichés et on ne s'attarde pas non plus, le vent a tendance à glacer jusqu'aux os.

Et sinon​, le verdict? Et bien finalement arriver tout en haut ne fut pas si difficile à mon goût (avec les couches qui protègent du froid et les bâtons de marche qui aident à avancer bien évidemment). La partie la plus éreintante pour moi fut la redescente jusqu'au campement. Les forces dans les jambes qui te lâchent, cela n'aide pas à stabiliser ses pas sur ces sentiers glissants.

Il me faut encore fournir un dernier effort pour ce deuxième jour afin de descendre jusqu'au lac. Heureusement nous campons dans la calderira et n'avons pas à en sortir, à la différence de ceux qui ont pris la formule 3 jours/2 nuits; je n'ai plus d'énergie et mes jambes sont prêtes à me laisser tomber.

Une fois posés, quel bonheur de pouvoir se détendre dans les sources d'eau chaude (et heu oui, de se décrasser aussi, après 2 jours de marche dans la poussière sans douche), entourés de russes, américains, malaisiens, balinais, et même de guides et porteurs venus gentiment se rincer l’œil. Durant cette intermède hygiénique, nos porteurs ont préparé le déjeuner. Pendant que nous mangeons, nous nous réjouissons à l'avance de notre après-midi à venir et prévoyons de pêcher et nager avant d'aller admirer le coucher de soleil.

Mais à la dernière bouchée, nous nous endormons d'un sommeil profond jusqu'à la nuit. La fatigue aura été plus forte que notre joli programme. Tant pis, nous veillerons autour du feu avec nos accompagnateurs en contemplant le ciel étoilé, satisfaits de nos deux premiers jours de marche et surtout d'avoir passé le plus dur.

Nous profiterons pendant notre ascension du troisième jour, de belles vues sur le lac et volcans. Le paysage de ce côté est tellement impressionnant que nous changeons même nos plans afin de dormir au sommet du cratère dans le but de profiter du coucher et lever de soleil. C'était sans compter sur la météo, et mis à part une belle purée de pois, nous n'avons pas pu admiré grand chose, mais une éclaircie nous offre tout de même une jolie vue.

Le dernier jour, nous descendons sagement la montagne afin d'atteindre Senaru, heureux d'arriver, la mission accomplie​ sans un seul bobo.

Sinon est-ce qu'on est fier? Ben non tu peux même pas. T'es content, mais pas vraiment fier. Pas quand tu vois tous ces hommes en tong monter et descendre à toute allure les pentes abruptes, portant sur leurs épaules entre 25 et 30 kg, afin de te permettre de faire un treck confortable. Nos deux porteurs sont incroyables. Toujours le sourire aux lèvres, même quand leur tente tombe 2 fois dans la nuit à cause du vent. Au matin ils sont en train de plaisanter et se chamailler. Bref, des supermen du quotidien prêts à faire une à deux fois par semaine cette ascension qui leur permet de gagner presque le salaire d'une semaine en un jour.

Et votre minute culturelle, me réclamez-vous? Mais oui, mais oui, j'y viens. Je vous l'ai gardée pour la fin : la légende que les anciens ont raconté à notre guide. Le Rinjani tirerait son nom d'une princesse, la princesse Njani. La demoiselle voulait épouser un jeune homme, que son roi de père refusait. Malgré ses pleurs, le patriarche ne changea pas d'avis. Aussi la belle s'enfuit et se perdit sur le volcan Samalas (plus très sûre du nom). Toutes les recherches entreprises firent choux blanc. Pas de princesse, certains pensent qu'elle se serait faite kidnapper par un pirate, à moins qu'elle l'ait suivie de son plein gré. Pour ceux qui aiment les fins hollywoodiennes, on a qu'à dire que son amoureux s'est fait pirate pour s'enfuir avec elle...

Enfin le roi fou de chagrin aurait débaptisé le volcan pour donner celui de sa fille.

Fin de l'histoire.

Ho toi! Quel esprit vif et lumineux! Oui Njani, ce n'est pas Rinjani. Et oui, ben c'est comme ça. On sait pas. Fin de l'histoire, on t'a dit.

Des infos pratiques pour ceux qui veulent se lancer à l'assaut de ce volcan?? Mais bien sûr ma brave dame : - Trajet et temps : Voici le plan de l'ascension entre les villages de Sembalun et Senaru :

Et nos temps pour avoir une idée du trajet : 1. de Sembalun au campement de base de Pelawangan : 5h20 (sans compter la pause déj au POS 2 d'1h30) 2. du campement de base de Pelawangan au sommet : 3h30 3. du sommet au campement de base de Pelawangan : 2h30 4. du campement de base de Pelawangan au lac (campement de base de Segara Anak) : 2h30 5. du lac au point de repos Cemara Lima (notre 3ème nuit) : 3h15 6. du point de repos Cemara Lima à Senaru : 4h - Prix : pour un séjour de 3 jours/2nuits dans un groupe pouvant aller jusqu'à 9 personnes, l'homestay où nous avons booké notre trip nous avez annoncé 1.300.000 RP (environ 87 euros) tout compris par personne. Pour notre programme pour nous 2 nous avons pu négocier jusqu'à 2.800.000 RP (187 euros) par personne avec le trajet de retour en voiture jusqu'à Bangsal (port pour Gili et Bali). - Guide : vous cherchez un guide un or? contactez Bidin!! Voici son facebook où vous trouverez également son numéro de téléphone: https://www.facebook.com/enal.rinjani

- Équipement : 1. n'oubliez pas les habits chauds et des vêtements de rechange en cas de pluie. Un coupe-vent, un bonnet et des gants feront la différence au sommet. Nous avons croisé un homme sur le chemin qui n'a pas pu attendre le lever de soleil au sommet tant il avait froid. 2. des lingettes (vraiment, pensez-y, vous nous remercierez). 3. des barres au chocolat, gâteaux... (au cas où vous n'ayez pas un guide aussi prévenant que le nôtre). Ça aide dans la montée. 4. de quoi bouquiner si vous faites 4 jours aussi. 5. et pensez au maillot de bains pour les sources et le lac! - Ramadan : contrairement à ce qu'on nous avez indiqué, nous n'avons eu aucun problème à trouver un guide et des porteurs pendant le Ramadan. Ils rompent le jeûne durant le treck. - le Pour Info + : les porteurs gagnent 200.000 RP (13 euros) par jour et un guide 250.000 RP (17 euros). Ce salaire est imposé par le gouvernement. Alors n'oubliez pas le pourboire, ils font un travail de fou!


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